Depuis plusieurs mois déjà, le soleil règne en maître sur la France, occasionnant d'inévitables sécheresses dans les départements les plus exposés. Ce week-end de fin août s'annonce également ensoleillé partout, avec un risque de nuages bas sur la côte normande. Notre destination, cette année, est St Jean en Royans, dans le Vercors. Le terrain est très technique : piste en herbe de 650 m de long seulement, enclavée dans un fond de vallée, à 850 ft d'altitude, limitée au Sud par une grande Combe qui culmine à 1800 ft, la Combe Laval.
Au Nord, ce n'est guère mieux : une plantation d'oliviers barre l'entrée de piste, ce qui décale le seuil de 60 m, réduisant encore la distance à l'atterrissage. La proximité de la Combe impose un décollage en piste 32, c'est à dire face aux oliviers. Bien entendu, le terrain est à usage restreint, nécessitant une autorisation spéciale pour pouvoir s'y poser. Voilà, le décor est planté !
Alain, Philippe et moi sommes du voyage, à bord d'un ROBIN DR400 Major, de 160 CV. Samedi matin, lever à 6h00. Comme prévu, le ciel est bâché, avec un plafond très bas. On mise sur une amélioration et on se prépare pour la navigation.
Arrivé au terrain à 9h00, on jette un œil au ciel : plafond estimé à 500 ft. Prise de prévisions sur internet ne laissant pas espérer une amélioration avant la fin de matinée. Peu avant 11h00, le ciel semble se déchirer. On y va. Le plafond avoisine les 1000 ft, c'est peu, on poursuit tout de même et on verra . Arrivés à la Seine, nous devons descendre à 700 ft, puis 500 ft. Sur l'Ouest, le ciel semble plus accueillant. Altération de cap vers Bernay, terrain de replis au cas où. Quelques minutes plus tard, nous décidons de nous y poser, la navigation n'étant pas envisageable dans ces conditions. A ce moment là, nous craignons que notre périple ne s'arrête là. Petit repas frugal sur l'herbe, au pied de l'avion, en scrutant le ciel. Vers 12h00, une amélioration se profile. On tente le coup ; cap au Sud.
Peu à peu, le plafond monte. Maintenant, la navigation commence vraiment : cap sur Orléans. Au passage de la Loire, nous constatons son faible débit. Puis voici Nevers et Niort, où nous faisons une escale technique, sous une chaleur accablante. Nous ne nous attardons pas, cap sur St Etienne, puis montée au niveau 55 pour franchir le Mont Pilat. La turbulence décide nous accompagner jusqu' à notre point d'arrivée. Nous passons Romans. Devant nous le Vercors, impressionnant du haut de ses 7000 ft.
Dans quelques minutes nous serons à pied d'œuvre. On approche, on cherche, mais où est donc ce terrain ? C'est Alain, qui aperçoit des avions dans nos 2 heures. C'est là ! Je mesure alors la difficulté à se poser ici. Concentration, verticale terrain, vent arrière, puis finale sur.... la plantation d'oliviers, car on ne distingue pratiquement pas la piste. On passe la plantation, on réduit, puis posé des roues sur une piste légèrement montante, à l'herbe totalement brûlée par le soleil.
Nous voici arrivés. Peu de Ménestrels ont fait le déplacement, cette année, peut-être à cause de cette piste compliquée ?
Accueil chaleureux de Léon BOIZOT, le maître des lieux, et des autres participants. Le rafraichissement, servi à l'ombre des arbres, est le bienvenu. Alain, intenable lorsqu'il est affamé, doit attendre 22h00 avant que le repas ne soit servi. Les discussions, à la fraiche, durent tard dans la soirée. La nuit trop courte, sous la tente, laisse des traces sur nos dos fragiles !
La préoccupation du dimanche matin devient vite le décollage de ce lieu improbable. Piste courte, chaleur, avion chargé et oliviers en extrémité de piste, ce ne sera pas simple ! Nous décidons donc de partir avant que la chaleur ne soit trop présente.
J' applique la procédure de décollage sur piste courte….et nous passons les oliviers. Montée à 1800 ft, petit passage pleine piste pour dire au revoir et montée à 2500 ft, pour une petite incursion dans la Combe Laval, avant de rentrer. Ce moment là restera longtemps dans ma mémoire, ce fut une expérience riche en émotions et presque irréelle de beauté (voir les photos).
Le retour, sous une chaleur accablante, accompagné de fortes turbulences, est éprouvant, pour les hommes et la machine. A l'arrivée à Saint Valéry, sous un soleil beaucoup moins chaud, nous sommes très fatigués, oui, mais riches d'une expérience inoubliable, avec une mention spéciale pour la promenade dans la Combe Laval : un grand moment de plénitude et un vrai régal !
A l'année prochaine !