"Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité".
Ainsi s'exprimait Antoine de Saint-Exupéry, écrivain, poète, aviateur et reporter. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par les avions. A 12 ans, il effectue son baptême de l'air et c'est durant son service militaire qu'il devient pilote. En 1926, il est embauché par la compagnie Latécoère, pour transporter le courrier entre Toulouse et Dakar. C'est alors qu'il devient écrivain et qu'il publie : "L'Aviateur", puis "Courrier Sud" et "Vol de Nuit". A partir de 1932, il se consacre au journalisme et aux raids aériens. Il réalise de grands reportages à travers le Monde, qui nourrissent ses valeurs humanistes. Il écrit ainsi "Terre des Hommes", ouvrage essentiel dans lequel il relate ses vols et ses rencontres humaines.
En 1939, il sert dans l'armée de l'air, en tant que pilote affecté à la reconnaissance aérienne. Après avoir quitté la France pour New York, il devient l'une des voix de la Résistance. En 1944, en Sardaigne, puis en Corse il rejoint une unité chargée de la reconnaissance photographique, en vue du débarquement de Provence. Il disparait en mer, au dessus de la Méditerranée, à bord de son Lockheed P-38 Lightning , lors d'une de ses mission, le 31 juillet 1944.
Un an plus tôt, il avait publié un conte poétique et philosophique, "Le Petit Prince", œuvre la plus connue, de ce pionnier de l'aviation.
Si je débute mon propos en évoquant ce grand Homme, c'est sans doute parce que mes lectures de "Vol de Nuit" et surtout de "Terre des Hommes" m'ont profondément marqué. Ma carrière d'enseignant a aussi été bercée par les lectures répétées, que je faisais à mes élèves, en tentant de leur faire appréhender les valeurs essentielles de la vie, véhiculées par "Le Petit Prince". Cet ouvrage m'accompagne depuis longtemps dans mes réflexions, au fil de ma vie. Comment ne pas être admiratif de ces grands aviateurs à qui notre Pays doit tant ?
Mais c'est aussi parce que certains propos entendus ces jours derniers, dans les médias, m'ont fait bondir et m'ont scandalisé.
Ainsi, il semblerait, selon certains élus, que "l'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfants". Comment ne pas réagir à ce genre de propos, surtout si l'on fait partie de ces doux rêveurs qui s'adonnent régulièrement à cette passion qu'est l'aviation légère !
Tout jeune, j'avais déjà la tête dans les nuages et je regardais voler les oiseaux, avec fascination. Plus tard, on m'a offert mon baptême de l'air et ce moment m'a procuré l'un des plus grands bonheurs de ma vie. J'ai alors su que je ferais tout ce qui était en mon pouvoir, afin de parvenir à voler. Cela m'a pris du temps avant d'y parvenir. Puis, plus tard, durant mes nombreuses années en tant que pilote "baptême de l'air", j'ai vu souvent les yeux écarquillés et le bonheur des enfants, mais aussi des plus grands, durant les nombreux vols que je leur ai permis de réaliser.
Au sein de notre Aéroclub, nous participons à l'aventure annuelle intitulée "Rêves de Gosses". Cet événement, organisé par l'Association des "Chevaliers du Ciel", rassemble des enfants "extraordinaires" qui ont été mis à l'épreuve par la vie, et des enfants "ordinaires". Les rencontres se font dans le respect, la tolérance et l'amitié. L'objectif est de donner à ces enfants "extraordinaires" une meilleure acceptation de leur handicap. Chaque année, un Tour de France en avion, leur procure joie et émerveillement.
Allez dire à ces enfants là que, désormais, l'aérien ne doit plus faire partie de leurs rêves, … au nom de l'urgence climatique !!! Ces propos provocateurs font fi des efforts continus des aéroclubs pour renouveler leur parc par des machines moins gourmandes et moins polluantes, par l'apparition progressive d'avions électriques et d'ULM dans leur flotte, par la pratique du vol à voile ou du parapente, activités peu ou pas polluantes s'il en est.
Certes, notre planète se dégrade, année après année. Nous en sommes bien conscients et nous en sommes totalement responsables. Dans l'absolu, c'est l'existence même de l'Homme sur Terre le problème…. Alors que faire ? Réguler les populations ? Revenir à l'Age de Pierre ? Devenir autosuffisants ?
Demander à tous, je dis bien A TOUS, de faire des efforts, afin de moins polluer, cela semble tout à la fois indispensable, raisonnable et essentiel, mais prôner des solutions drastiques qui ne s'appliquent qu'à la population, pour tenter de résoudre les problèmes, me semble pour le moins maladroit, voir malhonnête. Les élus qui, aujourd'hui, montrent du doigt un Aéroclub, au nom de l'écologie, se comportent-ils de la même façon avec les entreprises ultra polluantes implantées sur leur territoire, qui procurent certes des emplois, mais versent des taxes substantielles à la commune ?
Quid des rêves de chacun, dans tout cela ? Nous aurions des rêves permis et d'autres interdits ? L'écologie véhiculerait t elle des concepts radicaux, autoritaires et non avoués, où le politique viendrait s'ingérer jusque dans les esprits des individus ?
Nos rêves, et en particulier ceux de nos enfants, nous appartiennent, leur appartiennent, et nul ne peut s'arroger le droit de les contrôler ou de les interdire.
Laissez nous rêver, et continuer à lever les yeux au ciel vers cet univers tridimensionnel où nous nous sentons si bien. Nous serons toujours vigilants à ce qu'il en soit ainsi, et nous comptons sur la jeune génération pour nous relayer dans cette tâche, le plus longtemps possible…
A bientôt :
René, le 6 avril 2021
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