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Ces billets qui jalonnent notre construction, constituent tout à la fois des compléments à l'avancement des travaux, la naration d'événements importants, et quelques uns des états d'âme de votre serviteur, au fur à mesure que le temps passe avec ses aléas heureux ou malheureux. Bien entendu, les sujets évoqués sont le reflet de ma pensée et n'engagent que moi. Libre à vous ,qui lisez ces lignes, de vous exprimer dans la rubrique "Livre d'Or" ou alors dans le "Forum" .
Par René BOURNY Le 01/11/2021
Le grand livre de l'histoire de notre vie s'ouvre le jour de notre naissance et les pages vont s'égrainer inexorablement, jour après jour, tant que nous serons sur cette Terre.
Il y a quelques décénies de cela, je naquis dans une région de moyenne montagne de notre belle France, à savoir le Jura.
C'est là que j'ai passé mon enfance, mon adolescence et le début de ma vie d'adulte. Il m'arrive régulièrement de faire un arrêt sur image et de voir défiler en moi, certains épisodes, certaines scènes de cette vie là. Cette terre qui m'a vu naître, faire mes premiers pas, mes premières expériences, mes premières découvertes, est celle où j'ai planté mes racines. En cela, elle revêt une importance capitale dans ma vie d'aujourd'hui.
A vingt ans, comme beaucoup de jeunes femmes et hommes, l'attrait de l'inconnu, de l'ailleurs s'ait fait plus pressant. Repousser les limites de l'investigation, se tester soi-même, quitter un entourage dans lequel on commence à se trouver à l'étroit, suivre l'être aimé, telles furent les motivations qui m'amenèrent à m'éloigner de mes vertes forêts, pour une région faite d'immenses plaines cultivées, balayées par un air marin et iodé.
La joie de la découverte des côtes normandes passée, vint alors le temps de la nostalgie, le manque, engendré par la perte des relations de toutes sortes, et la véritable sensation du déracinement.
Une cinquantaine d'années plus tard, la vie a gommé ces sensations pénibles. Un nouvel enracinement s'est produit, sur cette terre d'accueil, aux paysages si différents. De nouvelles relations se sont nouées, de nouvelles amitiés, de nouvelles amours aussi.
Mon dernier séjour, dans mon Jura natal, remontait à huit années, durant lesquelles il m'a été psychologiquement impossible de faire la démarche d'y retourner. Puis, cette année, j'ai pris une décision difficile : retourner sur mes terres natales.
Au fur et à mesure que le long ruban d'asphalte se déroulait sous mes roues, mon esprit se chargeait d'images qui me revenaient, comme si c'était hier.
Revoir ma région fut, pour moi, tout à la fois apaisant et stressant. L'esprit tente de s'accrocher à certains détails, certains paysages, qui ne sont plus, ou remodelés de telle sorte que les souvenirs s'estompent. Certains lieux sont fort heureusement toujours aussi magiques et ravissent les yeux et le cœur. L'atmosphère reposante et acide des forêts, juste perturbée par le craquement des brindilles sous les pieds, est un moment de pur bonheur. Le bruit des cascades, s'étalant en panache sur les rochers, est un enchantement pour les yeux et les oreilles.
Malheureusement, ce tableau idyllique est, par moments, gâché par un souvenir pénible qui surgit au détour d'un sentier. Et puis, toute la famille qui jalonnait cette région et qui faisait que la vie était belle, lors des grands repas organisés pour un événement ou un autre, toute cette famille, aujourd'hui n'est plus. Alors, les jolis posters se trouvent être un peu fades.
Après quelques jours, j'ai quitté mon pays natal, le cœur animé d'un sentiment partagé : heureux d'être revenu, mais pas mécontent de repartir. Cette crainte de vouloir effectuer ce "pélérinage" me hantait, depuis pas mal de temps, elle s'est vérifiée.
Suis-je d'ici (cette région qui n'a vu naître) ou d'ailleurs (là où est ma vie aujourd'hui) ?
Les réponses sont diverses selon les êtres. Un grand pilote ULM, qui nous a quitté, Thierry Barbier a parcouru le monde à bord de son Ninja. Fort de son expérience, il se plaisait à dire : "Je suis citoyen du Monde".
Personnellement, ça me convient tout à fait...
A bientôt :
René, le 01 novembre 2021
Par René BOURNY Le 07/04/2021
"Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité".
Ainsi s'exprimait Antoine de Saint-Exupéry, écrivain, poète, aviateur et reporter. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par les avions. A 12 ans, il effectue son baptême de l'air et c'est durant son service militaire qu'il devient pilote. En 1926, il est embauché par la compagnie Latécoère, pour transporter le courrier entre Toulouse et Dakar. C'est alors qu'il devient écrivain et qu'il publie : "L'Aviateur", puis "Courrier Sud" et "Vol de Nuit". A partir de 1932, il se consacre au journalisme et aux raids aériens. Il réalise de grands reportages à travers le Monde, qui nourrissent ses valeurs humanistes. Il écrit ainsi "Terre des Hommes", ouvrage essentiel dans lequel il relate ses vols et ses rencontres humaines.
En 1939, il sert dans l'armée de l'air, en tant que pilote affecté à la reconnaissance aérienne. Après avoir quitté la France pour New York, il devient l'une des voix de la Résistance. En 1944, en Sardaigne, puis en Corse il rejoint une unité chargée de la reconnaissance photographique, en vue du débarquement de Provence. Il disparait en mer, au dessus de la Méditerranée, à bord de son Lockheed P-38 Lightning , lors d'une de ses mission, le 31 juillet 1944.
Un an plus tôt, il avait publié un conte poétique et philosophique, "Le Petit Prince", œuvre la plus connue, de ce pionnier de l'aviation.
Si je débute mon propos en évoquant ce grand Homme, c'est sans doute parce que mes lectures de "Vol de Nuit" et surtout de "Terre des Hommes" m'ont profondément marqué. Ma carrière d'enseignant a aussi été bercée par les lectures répétées, que je faisais à mes élèves, en tentant de leur faire appréhender les valeurs essentielles de la vie, véhiculées par "Le Petit Prince". Cet ouvrage m'accompagne depuis longtemps dans mes réflexions, au fil de ma vie. Comment ne pas être admiratif de ces grands aviateurs à qui notre Pays doit tant ?
Mais c'est aussi parce que certains propos entendus ces jours derniers, dans les médias, m'ont fait bondir et m'ont scandalisé.
Ainsi, il semblerait, selon certains élus, que "l'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfants". Comment ne pas réagir à ce genre de propos, surtout si l'on fait partie de ces doux rêveurs qui s'adonnent régulièrement à cette passion qu'est l'aviation légère !
Tout jeune, j'avais déjà la tête dans les nuages et je regardais voler les oiseaux, avec fascination. Plus tard, on m'a offert mon baptême de l'air et ce moment m'a procuré l'un des plus grands bonheurs de ma vie. J'ai alors su que je ferais tout ce qui était en mon pouvoir, afin de parvenir à voler. Cela m'a pris du temps avant d'y parvenir. Puis, plus tard, durant mes nombreuses années en tant que pilote "baptême de l'air", j'ai vu souvent les yeux écarquillés et le bonheur des enfants, mais aussi des plus grands, durant les nombreux vols que je leur ai permis de réaliser.
Au sein de notre Aéroclub, nous participons à l'aventure annuelle intitulée "Rêves de Gosses". Cet événement, organisé par l'Association des "Chevaliers du Ciel", rassemble des enfants "extraordinaires" qui ont été mis à l'épreuve par la vie, et des enfants "ordinaires". Les rencontres se font dans le respect, la tolérance et l'amitié. L'objectif est de donner à ces enfants "extraordinaires" une meilleure acceptation de leur handicap. Chaque année, un Tour de France en avion, leur procure joie et émerveillement.
Allez dire à ces enfants là que, désormais, l'aérien ne doit plus faire partie de leurs rêves, … au nom de l'urgence climatique !!! Ces propos provocateurs font fi des efforts continus des aéroclubs pour renouveler leur parc par des machines moins gourmandes et moins polluantes, par l'apparition progressive d'avions électriques et d'ULM dans leur flotte, par la pratique du vol à voile ou du parapente, activités peu ou pas polluantes s'il en est.
Certes, notre planète se dégrade, année après année. Nous en sommes bien conscients et nous en sommes totalement responsables. Dans l'absolu, c'est l'existence même de l'Homme sur Terre le problème…. Alors que faire ? Réguler les populations ? Revenir à l'Age de Pierre ? Devenir autosuffisants ?
Demander à tous, je dis bien A TOUS, de faire des efforts, afin de moins polluer, cela semble tout à la fois indispensable, raisonnable et essentiel, mais prôner des solutions drastiques qui ne s'appliquent qu'à la population, pour tenter de résoudre les problèmes, me semble pour le moins maladroit, voir malhonnête. Les élus qui, aujourd'hui, montrent du doigt un Aéroclub, au nom de l'écologie, se comportent-ils de la même façon avec les entreprises ultra polluantes implantées sur leur territoire, qui procurent certes des emplois, mais versent des taxes substantielles à la commune ?
Quid des rêves de chacun, dans tout cela ? Nous aurions des rêves permis et d'autres interdits ? L'écologie véhiculerait t elle des concepts radicaux, autoritaires et non avoués, où le politique viendrait s'ingérer jusque dans les esprits des individus ?
Nos rêves, et en particulier ceux de nos enfants, nous appartiennent, leur appartiennent, et nul ne peut s'arroger le droit de les contrôler ou de les interdire.
Laissez nous rêver, et continuer à lever les yeux au ciel vers cet univers tridimensionnel où nous nous sentons si bien. Nous serons toujours vigilants à ce qu'il en soit ainsi, et nous comptons sur la jeune génération pour nous relayer dans cette tâche, le plus longtemps possible…
A bientôt :
René, le 6 avril 2021
Je, tu, elle, il parle "franglais" .
Par René BOURNY Le 16/01/2021
Un Pays se caractérise par sa situation géographique, son relief, son climat, sa végétation, sa faune, sa population humaine et donc sa langue.
La plupart des Pays parlent une langue qui leur est propre, agrémentée de différents dialectes ou patois selon les régions. Certes, certains Pays ont adopté une langue commune issue le plus souvent de la proximité des frontières ou des diverses colonisations.
Si le Français est notre langue, nous la partageons avec de nombreux Pays dont c'est la langue officielle. Pêle-mêle : Le Canada, la Belgique, La Suisse, Le Luxembourg, Madagascar, Monaco, Les Seychelles et de nombreux Pays d'Afrique…..
Une langue vivante évolue en permanence. Elle s'enrichit perpétuellement de nouveaux mots ou tournures de phrases. Notre langue n'y échappe pas. Tout ceci serait parfait si une grande partie de ces apports n'étaient pas des anglicismes. Comment justifier l'envahissement de notre belle langue par tous ces mots anglo-saxons ?
Bien que vous en connaissiez et en utilisiez un grand nombre, je ne résiste pas à l'envie de vous en citer quelques uns.
En France, on ne fait plus du commerce, mais du "business". Lorsque l'on dispose d'une info inédite, c'est "un scoop". Un mécène devient "un sponsor", un concert en direct devient un concert "en live". On ne parle plus de sa vie mais de "sa life". Sans oublier l'incontournable "week-end". Un des plus récents : quand on "spoile" une personne, on lui gâche sa vie. On n'est plus "très occupé" mais "overbooké"…etc !
Rassurez-vous, je m'arrête là car la liste est interminable.
Qu'est-ce qui nous pousse à remplacer inutilement des mots très explicites par ces anglicismes ?
J'ai bien quelques idées :
- Les échanges internationaux qui se font en langue anglaise (on peut se demander pourquoi) et finissent par polluer notre langue avec un vocable qui s'imprègne en nous, souvent à notre insu, pour devenir très vite habituel dans nos conversations.
- Certaines publicité qui s'internationalisent et déversent leurs slogans très souvent en anglais, sans traduction pour les non anglophones.
- Un certain snobisme, il faut bien en convenir, à vouloir intégrer ce vocabulaire dans les soirées.
- La jeunesse, qui aime à se distinguer et qui copie ses aînés.
Anglophobe, moi ? Bien au contraire. L'anglais me permet d'échanger plus facilement avec des pilotes d'outre Manche ou des Hollandais, des Allemands …, mais je me garde bien de l'utiliser à tout va dans mes conversations.
L'anglais, qui s'est peu à peu imposé comme langue internationale, se révèle utile pour les échanges commerciaux entre Pays, pour les conversations aéronautiques ou navales, lorsque l'on passe d'un Pays à un autre. Il nous permet en outre des échanges plus aisés lorsque nous voyageons hors de nos frontières ou que nous recevons des hôtes étrangers.
Et pourtant, l'idée d'une langue universelle s'est faite jour. Ainsi, à la fin du 19e siècle, naquit l'Espérento, qui se voulait être une langue parlée par tous. Mais ce désir de mondialisation et d'unification de la langue s'est heurté au fait que, pour chacun de nous, le besoin de parler notre langue natale révèle notre identité. La façon dont nous parlons, communique beaucoup de choses sur ce que nous sommes. Parce que nous avons des identités distinctes, nous avons des langages distincts. Pour de nombreux groupes de personnes, avoir une langue spécifique, c'est dire : j'existe. Ainsi, en France, notre langue s'agrémente de patois locaux, qui, malheureusement se perdent aujourd'hui pour ne subsister que dans certaines régions et souvent au fond des campagnes. Les accents sont également représentatifs de nos belles régions : l'accent chantant du midi, l'accent "pointu" des parisiens, l'accent du Nord associé au parler "ch'tit", celui des Antilles, sans oublier l'accent alsacien qui comporte des consonances allemandes. En bon jurassien que je suis, je ne peux pas ne pas citer l'accent chantant et traînant de ma région natale qui s'apparente à l'accent suisse.
Riches de tout ce patrimoine, allons-nous laisser notre langue s'étioler et se diluer, polluée qu'elle est aujourd'hui par tous ces anglicismes ? Pourquoi ne pas suivre l'exemple de nos "cousins" d'outre Atlantique, je veux parler des Québécois qui, ainsi que les valeureux gaulois d'une BD bien connue, résistent, contre vents et marées pour faire perdurer le Français. Je vous accorde que le Français de France n'est pas celui du Québec et, parfois, les comprendre n'est pas une mince affaire, quand en plus s'y mêle l'accent ! Je me souviendrai toujours de mon arrivée à une station service québécoise pour y faire le plein, le pompiste de service me disant tout de go : "J'te l' tanke full ton char ? "
Ils possèdent également un vocabulaire bien à eux :
"Bienvenue" signifie "avec plaisir, de rien" – "la boîte à malle" c'est "la boite à lettres" – "un char" c'est "une voiture" – "un chien chaud" est un "hot dog" – "le dépanneur" c'est "l'épicerie du coin". Quand au panneau "Stop" il devient le panneau "Arrêt". Là encore je ne cèderai pas à l'envie de poursuivre bien qu'il m'en coûte. Ne nous y méprenons pas, leur mode de vie s'apparente beaucoup à celui de leur voisin américain, mais ils se font un honneur de garder leur langue d'origine, le Français, qui en fait, est une réminiscence du vieux Français.
Alors, nous Français de métropole, prenons garde à ne pas nous faire dévorer tout crus par les anglo-saxons. Chacun de nos mots qui disparaît au profit d'un anglicisme, nous fait perdre un peu de notre identité et de notre ancrage sur le sol qui nous a vu naître.
Il est important que nous gardions nos coutumes et notre langue, avec ses accents et ses particularités régionales, si nous voulons rester ce que nous sommes : des Français !
René, le 16 janvier 2021
Par René BOURNY Le 10/11/2020
Le confinement : saison 2.
Pour diverses raisons, nous voici à nouveau contraints à restreindre nos déplacements et nos fréquentations, et Dieu sait que l'être humain n'est pas fait pour vivre en cage !
Moment à nouveau privilégié pour effectuer, encore une fois, un retour sur nous même et réfléchir sur notre vie.
En aviation, et particulièrement en aviation légère, on a coutume de dire que, dans un avion, tout ce qui n'est pas "indispensable" est "inutile". En effet, dans un avion, l'ennemi numéro un est le poids. Plus celui-ci est élevé et plus les performances de l'aéronef se dégradent, jusqu'à le rendre instable, puis dangereux.
Mais dans nos vies, qu'en est-il ?
De "l'inutile", du superflus, nous en sommes envahis et, chaque jour nous apporte son lot de tentations alléchantes, vantant tour à tour la voiture électrique soit disant écologique, la crème miracle qui efface les rides, le Smartphone dernier cri, qui pense à notre place et nous trace à longueur de temps. Oui, nous baignons dans le superflus et nous sommes incités, malgré tout, à en acquérir toujours davantage. Cette course effrénée à vouloir amasser à tout prix, fait-elle de nous des êtres plus heureux, plus épanouis ? Je vous laisse le soin d'y réfléchir et d'y répondre.
Il existe bien une tendance à la décroissance, encore très timide, qui prône le retour à une vie plus simple, plus respectueuse de l'environnement, orientée vers les autres et moins dépendante du matériel.
Et puis, depuis des décennies, des communautés religieuses ou philosophiques sont basées sur l'ascétisme total et le dénuement.
Pour l'être humain, "le nécessaire" est ce qui lui permet d'assouvir ses besoins essentiels : se vêtir, se nourrir, se loger, avoir une vie sociale.
Est-ce pour autant suffisant ? Si c'était le cas, pourquoi irions-nous escalader l'Everest ? Pourquoi chanterions-nous l'amour et la beauté de la vie ? Pourquoi monterions-nous dans nos "petits" avions pour aller taquiner les nuages ?
Il faut croire qu'en plus du "nécessaire",il existe un autre " inutile", qui, lui, serait "indispensable" à l'homme, sous peine de se détruire. Celui qui lui permet d'éprouver des sentiments, de prendre du plaisir, d'apprécier le beau et le bon, de se réaliser en tant qu'être unique, soucieux de s'affirmer en tant que tel, et de se montrer digne de sa condition d'Homme.
Cet" inutile" là est bien loin de celui qu'on tente de nous vendre quotidiennement. Il fait que nous sommes ce que nous sommes, des êtres vivants et pensants, capables d'empathie, d'entraide et d'amour, capables de nous dépasser et d'affronter les épreuves de la vie avec courage, foi et détermination.
Aujourd'hui, nous sommes face au mur, et il est grand temps de nous conduire en "Hommes" solidaires et responsables de nous même et des autres. Alors, prouvons nous que nous sommes dignes de ce que nous prétendons être.
A bientôt !
René, le 10 novembre 2020
Par René BOURNY Le 26/09/2020
Depuis l'acquisition de notre JODEL, nous avons été amenés à utiliser 3 hélices différentes.
Lors du convoyage de l'avion ( c'était alors encore un avion !) entre Falaise et St Valéry en Caux, quelque chose m'a tout de suite intrigué. Nous étions 2 à bord avec les pleins, donc à la masse max. Pour autant, le moteur a pris ses tours au point fixe (3100 t/mn) et le décollage est intervenu assez rapidement. C'est après l'envol que les choses se sont compliquées. L'avion ne montait pas. Nous n'avions certes pas affiché le régime maximum, afin de ménager le moteur. Après quelques minutes à observer de très près la campagne normande, nous avons tenté d'afficher toute la puissance afin de gagner un peu d'altitude, mais aucun changement, le moteur prenait des tours, mais le badin s'obstinait à rester figé sur un gros 110 km/h et le vario flirtait avec un petit 0,5 m/s. Situation peu confortable je vous le concède. Nous avons pensé, chacun de notre côté, à faire demi tour .....mais sans nous en parler, donc nous avons poursuivi notre route... Après 30 mn de vol, nous n'étions toujours qu'à un petit 1000 ft (non ! pas "sol" mais QNH...) qui nous a tout de même permis de passer les petites collines à l'ouest de Lisieux. Puis, passage de la Seine à 1500 ft et enfin, arrivée sur LFOS à 2000 ft ......mais là, il fallait bien descendre afin de se poser !
Cette expérience m'a amené naturellement à me pencher sur l'hélice, cette pièce de bois ou de composite de forme bizarre, qui tracte l'avion, ou le propulse, selon qu'elle se trouve à l'avant ou à l'arrière, en vissant dans l'air. Plusieurs essais en vol solo plus tard, il m'est apparu qu'elle n'était pas du tout adaptée à l'avion. Le moteur prenait beaucoup de tours au point fixe et en montée initiale (3300 t), à tel point qu'il fallait réduire pour rester dans des limites raisonnables. Puis, en vol de croisière, on avait le sentiment que l'hélice ne tractait pas suffisamment (120 km/h en solo), et ce, quelque soit le régime affiché.
En me penchant sur le livret d'aéronef et sur le carnet de route de l'appareil, j'ai constaté que cette hélice était la quatrième montée sur ce moteur.
La fiche CNRA indiquait une hélice de diamètre 138 cm et un pas de 81. Les causes de ces changements d'hélices successifs étaient liées à des problèmes de contrôle de l'appareil, lors des phases de décollage ou d'atterrissage. Il est vrai que le D18 n'est pas facile à dompter lors de ces phases là. A chaque changement d'hélice, une hélice de même type avait été remontée, ce qui donne à penser qu'elle devait convenir.
Une petite visite à Lessay, afin d'y rencontrer les constructeurs et utilisateurs de l'avion, a répondu à beaucoup de mes questions et ,particulièrement, à celles concernant l'hélice. L'avion croisait, à l'époque, à 140 km/h. Juste avant la vente de l'avion à un pilote de Falaise, l'hélice avait à nouveau été déteriorée et remplacée, pour l'occasion, par une hélice de secours, pas ou peu adaptée, et le nouveau propriétaire l'avait conservée telle quelle.
Il nous fallait donc remplacer cette hélice. Mon co-propriétaire possédait une hélice à pas réglable au sol. Nous décidâmes que ce serait celle-ci qui viendrait remplacer l'hélice bois à pas fixe. Le problème était de trouver le bon calage. Un premier test de point fixe, avec le calage initial, nous a permis de constater que le pas était trop fort en raison des 2650 t maxi obtenus. Après avoir réduit légèrement le pas, à l'aide d'un incidencemètre, nous avons obtenu 2850 t. Encore un peu faible, sachant qu'il fallait viser les 3000 t, mais nous avons malgré tout tenté un décollage en solo. Taux de monté assez faible (1,5 m/s) puis croisière à 170 km/h à 2800 t, mais sans pouvoir prendre de tours supplémentaires. Le pas était encore trop important. Nouveau calage et ,cette fois, les 2950 t au point fixe étaient atteints. Nouveau test en vol solo. La montée donnait 2,5m/s et la croisière 145 km/h à 2800 t avec 3100 t maxi.
Nous avons ensuite effectué un test à 2. Montée à 1,5 m/s et croisière à 135 km/h. Ce calage nous a semblé être un bon compromis. Mais, quelques jours plus tard, lors d'un vol à 2, nous avons constaté une hausse sensible de la température d'huile (entre 100 et 110°, pour 90° auparavant). La nouvelle hélice ne permettait donc pas un bon refroidissement du moteur (en raison de sa faible corde, sans doute).
C'est à nouveau mon co-propriétaire qui nous a apporté la solution. L'achat opportun d'une hélice d'occasion moderne, à pas réglable au sol, a résolu le problème de la surchauffe moteur tout en donnant un meilleur rendement dans toutes les phases du vol. Les nouveaux paramètres sont les suivants : 3000 t au point fixe - taux de monté de 3 m/s en solo et un petit 2 m/s à 2 - croisière solo entre 145 et 150 km/h et 135 km/h à 2. Quand à la température d'huile, elle est stable entre 85° et 90°.
Le réglage du pas n'a pas été une chose facile, avec cette dernière hélice. Il faut prendre son temps et effectuer de nombreux tests avant de trouver le meilleur compromis, car c'est toujours une affaire de compromis. Lorsque l'avion (ou l'ULM) est peu motorisé, le choix de l'hélice et de son calage, sont des facteurs déterminants, qui peuvent faire toute la différence.
A bientôt !
René, le 26 septembre 2020
Par René BOURNY Le 12/08/2020
Le vol des oiseaux fascinait déjà nos ancêtres et je n'ai pas échappé à la règle. Tout jeune, alors que mes camarades couraient derrière un ballon, je flânais, la tête en l'air et les yeux rivés sur les buses, qui décrivaient des arabesques dans le ciel de mon Jura natal, les ailes parfaitement immobiles. Cette aisance et cette grâce qu' ont les oiseaux à se mouvoir dans un espace tridimensionnel, ne cessent de me subjuguer.
C'est probablement dans ce même état d'esprit que des passionnés se sont élancés du haut des tours, des montagnes, des ailes artificielles attachées aux bras, pour s'écraser inéluctablement au sol.
Puis ce fut avec des ballons, conçus notamment par les frères Montgolfier, qu'ont été réalisés les premiers vols humains, au XVIII ème siècle.
Il fallut encore une bonne centaine d'années avant que l'on puisse faire voler des "plus lourds que l'air" : des planeurs tout d'abord, puis des machines à moteur. Parmi tous ces précurseurs, citons Clément Ader avec son Eole à vapeur, les frères Wright avec leurs planeurs non motorisés dans un premier temps, puis motorisés par la suite.
Au tout début des années 1900, le brésilien Santos Dumont, accomplit le premier vol européen dans un appareil plus lourd que l'air. Ce furent ensuite Louis Blériot et son Blériot XI, concurencé par Hubert Latham. On peut aussi citer Henri Farman, Glen Curtiss, les frères Voisin et toute la lignée des faucheurs de marguerites, avec leurs lots de réussites, mais aussi d'échecs plus ou moins retentissants et parfois fatals.
Pourquoi ce petit raccourci historique ? Tout simplement parce que, tous ces hommes et quelques femmes, se sont un jour retrouvés dans une machine plus lourde que l'air, issue de leur génie créatif et mue par un moteur à explosion, alignés face au vent (à l'époque c'était toujours possible car on s'élançait depuis un champs d'aviation, les pistes, avec leur orientation prédéfinie, n'existant pas encore) pour ce qu'ils considéraient être une nouvelle aventure. Et quelle aventure ! Il ne s'agissait, ni plus ni moins, que de tenter de s'affranchir de la pesanteur, pour s'élever dans les airs et conquérir la troisième dimension.
Et c'est de ce moment là que je veux vous parler aujourd'hui. Ce court moment, d'une intensité extrême, c'est celui de "La Prise de Décision" . Et il se reproduit chaque fois que l'on s'aligne sur la piste, aux commandes d'un aéronef, pour un nouveau vol.
Durant la mise en oeuvre de son appareil, chaque commandant de bord, entre progressivement dans une bulle qui va l'isoler peu à peu du monde environnant. Le cérémonial de la visite "pré-vol" constitue le départ de cette mise en condition, durant laquelle il se focalise sur l'essentiel. Et cet essentiel passe par la sécurité du vol. Durant l'inspection minutieuse de l'appareil et de ses gouvernes, le vol est dèjà en train de naître dans sa tête. Après l'installation méthodique de ses passagers et de lui même, et avant la mise en route, s'impose pour lui, comme une évidence, le déroulé d'une première "check-list". Il y en aura d'autres avant, pendant, et après le vol. Puis arrive le moment du roulage, sur ce que nous dénommons le "taxiway" (le vocabulaire aéronautique est jonché de termes anglo-saxons) . Lors de ce déplacement, à vitesse réduite, une nouvelle "check-list" est égrenée naturellement, avec une fois encore, plusieurs contrôles vitaux pour la suite du vol et la sécurité des occupants. Se présente alors un point balisé, que l'on nomme "point d'attente". L'arrêt y est impératif, avant de pénétrer sur la piste. Il est le lieu d'une nouvelle "check-list" complétée par des essais moteurs. Durant tout ce cérémonial, depuis la pré-vol jusqu'au point d'attente, le niveau de concentration du commandant de bord n'a cessé d'augmenter. Il refait deux fois et parfois trois, sa check-list avant décollage, afin d'être bien certain de n'avoir rien oublié. Si un passager lui parle à ce moment là, il ne l'entend plus, il est ailleurs, totalement concentré sur sa préparation du vol.
Voici qu'arrive le moment le plus important, celui de l'allignement en entrée de piste, face au vent (lorsque c'est possible).
Désormais, le pilote ne peut plus tricher. Il se retrouve face à lui-même, avec ses responsabilités et une décision à prendre, qui engage non seulement sa personne, mais aussi ses passagers. Il visualise l'espace environnant, se repose les questions essentielles auxquelles il a déjà consacré du temps avant le départ : vent (force, orientation, rafales ...) charge de l'appareil, température extérieure, nature de la piste et enfin son état physique et mental. Il lui faut désormais prendre "La Bonne Décision". J'y vais ou je n'y vais pas ? Il est encore temps. Sur une piste courte, lorsque la course d'élan sera engagée, il sera trop tard pour revenir en arrière. S'il se répond "OK" à toutes les questions, alors ses pieds lâchent les pédales de frein, il pousse calmement la commande des gaz au tableau. L'avion s'ébranle, puis accélère......Le vol peut commencer.
Chaque vol est une aventure qui nait avec le décollage et s'achève avec l'atterrissage.
Pour boucler la boucle, essayons d'immaginer les sentiments qui pouvaient habiter les pionniers de l'aviation au moment de la Prise de Décision, alors qu'ils allaient s'élancer sur des machines conçues et crées par eux mêmes, dont ils ignoraient tout de leur comportement en vol, et qui risquaient de leur coûter la vie....
A une échelle moindre, immaginons aussi l'état d'esprit des constructeurs amateurs, lors du premier vol de l'appareil qu'ils ont construit de leurs mains. Les instants qui précèdent la toute première "Prise de Décision" sont probablement d'une intensité énorme, et suivis d'une brusque montée d'adrénaline ...
A bientôt !
René, le 12 août 2020.
Par René BOURNY Le 24/07/2020
Bonjour à tous,
Durant toute cette période d'isolement, contraignante et frustrante, mon esprit vagabond m'a permis de m'évader de cette lourdeur terrestre et de m'inventer un monde nouveau où l'humain retrouverait toute son essence, toute sa noblesse et sa raison d'exister. Que faisons-nous sur cette Terre ? Notre existence a t-elle un sens, et si oui lequel ? Sommes nous là pour croître et prospérer inexorablement, souvent au détriment des autres et de cette merveilleuse nature que nous nous appliquons à sâlir et à détruire jour après jour.
Et si cette épreuve qui nous est imposée aujourd'hui, au niveau mondial, nous permettait de nous poser les bonnes questions et de revoir notre façon de vivre. Être davantage à l'écoute, considérer à nouveau l'autre comme une personne avec laquelle nous pourrions tisser des liens, nous qui vivons souvent à quelques encablures de lui, en totale indifférence.
Voilà ! Quelques mois plus tard, nous avons retrouvé un peu de liberté et nous en avons parfois abusé, au point que la menace revient aujourd'hui. Nous avons repris nos habitudes de vie, de consommation, de travail, de déplacements tous azimuts. Que reste t-il de cette parenthèse dans nos vies ? Avons-nous appris quelque chose de cette épreuve ? A y regarder de plus près, quelques unes de nos attitudes ont changé : davantage de "bonjour", quelques sourires, un peu moins de précipitation et de bousculade. Un peu plus d'entraide également, davantage de soutien et de compréhension notamment vis à vis des soignants et, pour les plus solidaires, un investissement personnel dans les diverses associations à caractère social. Mais, pour la majorité d'entre nous, le rythme effréné de nos activités a repris et avec lui nos habitudes d'hyper consommation et notre ignorance des autres.
Faut-il désespérer de l'être humain et de sa capacité à réfléchir, à prende conscience des autres, et des dangers qui nous menacent ? Peut-être pas, mais le travail de nos pédagogues reste énorme, si l'on veut voir évoluer les consciences et voir les humains devenir enfin solidaires, adultes et responsables.
Le Monde d'Après ressemble t-il au monde d'Avant ? Sans doute pas totalement, mais il reste énormément de chemin à parcourir pour qu'il s'en écarte véritablement.
Continuez à prendre soin de vous et des autres, car le danger est toujours présent.
Dans le prochain billet, je vous reparlerai d'aviation et de nos travaux d'expérimentation, à bord du D18.
A bientôt !
René, le 24/07/2020
Par René BOURNY Le 07/05/2020
Bonjour à toutes et tous,
La photo, qui illustre ce billet, a été prise deux jours avant que nous nous retrouvions tous confinés chez nous. Elle illustre cet espace de liberté qui est le nôtre, lorsque nous nous alignons sur la piste, pour un moment de félicité absolue.
Et puis, sans prévenir, voici que tout se bouscule. Tout est subitement remis en cause. Nos vies sont ébranlées, nos repères disparaissent en même temps que nos libertés de nous déplacer et d'agir. Il nous reste, fort heureusement, notre liberté de penser, de rêver et ....de nous réinventer, car l'humain a ceci de merveilleux, qui est cette faculté d'adaptation aux situations imprévues. Nul doute que nous saurons rebondir après cette terrible épreuve, qui touche le monde entier. Souhaitons que, dans l'isolement de nos appartements, de nos maisons, nous puissions faire cet arrêt sur image, ce point sur nos vies, afin de retrouver les véritables valeurs, celles qui auraient dû toujours régir les relations humaines, mais que nous avons quelque peu délaissées.
La communauté aéronautique à laquelle j'appartiens n'échappe pas à cette dérive individualiste. Combien de pilotes volent seuls à bord. Combien ne passent aucun temps à l'Aéro-Club, avant et après leur vol. Combien ne s'investissent pas, au sein de l'association ......
Prenez bien soin de vous et de vos proches, et respectez les règles contraignantes mais indispensables, qui nous sont imposées aujourd'hui. Demain sera meilleur et, quoi qu'il en soit, DIFFERENT . Vous aussi, serez différents d'aujourd'hui, pour le meilleur, j'espère !
A bientôt !
René
21/03/2020