Passion : voler... construction amateur

Je, tu, elle, il parle "franglais" .

René BOURNY Par Le 16/01/2021 0

 

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Un Pays se caractérise par sa situation géographique, son relief, son climat, sa végétation, sa faune, sa population humaine et donc sa langue.

La plupart des Pays parlent une langue qui leur est propre, agrémentée de différents dialectes ou patois selon les régions. Certes, certains Pays ont adopté une langue commune issue le plus souvent de la proximité des frontières ou des diverses colonisations.

Si le Français est notre langue, nous la partageons avec de nombreux Pays dont c'est la langue officielle. Pêle-mêle : Le Canada, la Belgique, La Suisse, Le Luxembourg, Madagascar, Monaco, Les Seychelles et de nombreux Pays d'Afrique…..

Une langue vivante évolue en permanence. Elle s'enrichit perpétuellement de nouveaux mots ou tournures de phrases. Notre langue n'y échappe pas. Tout ceci serait parfait si une grande partie de ces apports n'étaient pas des anglicismes. Comment justifier l'envahissement de notre belle langue par tous ces mots anglo-saxons ?

Bien que vous en connaissiez et en utilisiez un grand nombre, je ne résiste pas à l'envie de vous en citer quelques uns.

En France, on ne fait plus du commerce, mais du "business". Lorsque l'on dispose d'une info inédite, c'est "un scoop". Un mécène devient "un sponsor", un concert en direct devient un concert "en live". On ne parle plus de sa vie mais de "sa life". Sans oublier l'incontournable "week-end". Un des plus récents : quand on "spoile" une personne, on lui gâche sa vie. On n'est plus "très occupé" mais "overbooké"…etc !

Rassurez-vous, je m'arrête là car la liste est interminable.

Qu'est-ce qui nous pousse à remplacer inutilement des mots très explicites par ces anglicismes ?

J'ai bien quelques idées :

  • Les échanges internationaux qui se font en langue anglaise (on peut se demander pourquoi) et finissent par polluer notre langue avec un vocable qui s'imprègne en nous, souvent à notre insu, pour devenir très vite habituel dans nos conversations.
  • Certaines publicité qui s'internationalisent et déversent leurs slogans très souvent en anglais, sans traduction pour les non anglophones.
  • Un certain snobisme, il faut bien en convenir, à vouloir intégrer ce vocabulaire dans les soirées.
  • La jeunesse, qui aime à se distinguer et qui copie ses aînés.

Anglophobe, moi ? Bien au contraire. L'anglais me permet d'échanger plus facilement avec des pilotes d'outre Manche ou des Hollandais, des Allemands …, mais je me garde bien de l'utiliser à tout va dans mes conversations.

L'anglais, qui s'est peu à peu imposé comme langue internationale, se révèle utile pour les échanges commerciaux entre Pays, pour les conversations aéronautiques ou navales, lorsque l'on passe d'un Pays à un autre. Il nous permet en outre des échanges plus aisés lorsque nous voyageons hors de nos frontières ou que nous recevons des hôtes étrangers.

Et pourtant, l'idée d'une langue universelle s'est faite jour. Ainsi, à la fin du 19e siècle, naquit l'Espérento, qui se voulait être une langue parlée par tous. Mais ce désir de mondialisation et d'unification de la langue s'est heurté au fait que, pour chacun de nous, le besoin de parler notre langue natale révèle notre identité. La façon dont nous parlons, communique beaucoup de choses sur ce que nous sommes. Parce que nous avons des identités distinctes, nous avons des langages distincts. Pour de nombreux groupes de personnes, avoir une langue spécifique, c'est dire : j'existe. Ainsi, en France, notre langue s'agrémente de patois locaux, qui, malheureusement se perdent aujourd'hui pour ne subsister que dans certaines régions et souvent au fond des campagnes. Les accents sont également représentatifs de nos belles régions : l'accent chantant du midi, l'accent "pointu" des parisiens, l'accent du Nord associé au parler "ch'tit", celui des Antilles, sans oublier l'accent alsacien qui comporte des consonances allemandes. En bon jurassien que je suis, je ne peux pas ne pas citer l'accent chantant et traînant de ma région natale qui s'apparente à l'accent suisse.

Riches de tout ce patrimoine, allons-nous laisser notre langue s'étioler et se diluer, polluée qu'elle est aujourd'hui par tous ces anglicismes ? Pourquoi ne pas suivre l'exemple de nos "cousins" d'outre Atlantique, je veux parler des Québécois qui, ainsi que les valeureux gaulois d'une BD bien connue, résistent, contre vents et marées pour faire perdurer le Français. Je vous accorde que le Français de France n'est pas celui du Québec et, parfois, les comprendre n'est pas une mince affaire, quand en plus s'y mêle l'accent ! Je me souviendrai toujours de mon arrivée à une station service québécoise pour y faire le plein, le pompiste de service me disant tout de go : "J'te l' tanke full ton char ? "

Ils possèdent également un vocabulaire bien à eux :

"Bienvenue" signifie "avec plaisir, de rien" – "la boîte à malle" c'est "la boite à lettres" – "un char" c'est "une voiture" – "un chien chaud" est un "hot dog" – "le dépanneur" c'est "l'épicerie du coin". Quand au panneau "Stop" il devient le panneau "Arrêt".  Là encore je ne cèderai pas à l'envie de poursuivre bien qu'il m'en coûte. Ne nous y méprenons pas, leur mode de vie s'apparente beaucoup à celui de leur voisin américain, mais ils se font un honneur de garder leur langue d'origine, le Français, qui en fait, est une réminiscence du vieux Français.

Alors, nous Français de métropole, prenons garde à ne pas nous faire dévorer tout crus par les anglo-saxons. Chacun de nos mots qui disparaît au profit d'un anglicisme, nous fait perdre un peu de notre identité et de notre ancrage sur le sol qui nous a vu naître.

Il est important que nous gardions nos coutumes et notre langue, avec ses accents et ses particularités régionales, si nous voulons rester ce que nous sommes : des Français !

René, le 16 janvier 2021

 

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